mardi 28 mars 2017

La Repression justifiée comme du soin


CW : Violence institutionnelle psy, violence physique (c'est très violent, attention)



J'ai passé une bonne partie de ma vie dans les milieux psy.

J'avais pensé à faire un texte entier relatant et expliquant ma période en résidence thérapeutique et ce qui avait suivi mais ça aurait été beaucoup trop long et flou...


Finalement, j'ai décidé d'évoquer juste l'hospitalisation sous contrainte et ce qui s'est passé après.

    Je vais passer très rapidement sur le mois qui a suivi le départ de la résidence pour poser le contexte.
Après avoir quitté la résidence j'ai été hébergée par plusieurs personnes avant de devoir trouvé très rapidement un appartement miteux en sous location alors que j'étais en hypomanie sans aucun budget pour le déménagement par mes parents, et un versement de 60 euros par semaines (le par semaine, ça veut dire qu'on peut rien prévoir, ni anticiper), ajouté à ça que mes parents m'empêchaient de trouver d'autres solutions (en demandant une aide financière au reste de la famille par exemple) et que je devais me battre avec eux, ne serait ce que pour pouvoir m'acheter un matelas et m’interdisaient d'arrêter mes études et vous comprenez pourquoi j'ai vidé l'intégralité de mon compte en banque en 2 semaines et me suis retrouvée complètement déshydratée et épuisée.

J'avais tentée de chercher à être acceptée en maisons de repos mais à chaque fois, c'était plusieurs mois d'attente. je m'étais renseignée pour le CAVS et me renseignait constamment sur l'avancement de mon dossier pour l'AAH et la RQTH, mais va faire des démarches administratives quand t'as du mal à te faire à manger tellement t'es épuisée.

 Au bout, d'un moment, à bout et mes parents refusant catégoriquement que je puisse revenir à la maison, j'ai fini par céder à l'idée de demander de l'aide au urgences psy que ma mère me suppliait de faire plutôt que d'accepter que je revienne.

J'y allais accompagnée de l'assistante sociale et de l'infirmière scolaire du lycée. Une fois dans la salle d'attente, déjà, je repère qu'il n'y a absolument rien, aucun magazine pour pouvoir patienter. Je sais, ça a l'air de rien, comme ça, mais ma réflexion, à ce moment précis, je me suis dit que si y avait même pas ça comme attention, ça donnait pas beaucoup d'espoir pour le reste.

je commençais à me sentir mal, j'avais lu des articles sur des hospitalisations sous contrainte et ça commençais à m'angoisser beaucoup. j'ai voulu sortir un peu pour prendre l'air mais la porte était fermée, une infirmière m'avais dit que je devais attendre de voir l'interne. Je commençais à angoisser de plus en plus.

Arrive l’entretien avec l'interne, je raconte ma situation, mais comme je suis angoissée, je parle très vite et manque de prudence dans mes propos puisque j'évoque avec colère les abus subis dans la résidence (j'oublie alors que toute critique de l’institution psychiatrique est un délire paranoïaque pour les équipes psy, mais je supposais à tort que  le fait que ce soit une structure différente jouerais en faveur de la vérité).
l'interne ne m'écoute pas réellement, m’interromps régulièrement avec ses questions sans me donner le temps de pouvoir développer et prenant des notes (j'ai appris depuis que les entretiens sont prévus pour durer 18 à 21 minutes pour gagner du temps, ce qui rends délicat d'expliquer sa situation).
j'évoque ce dont j'ai besoin, une structure qui me permettes de conserver mon autonomie (logique, hein, vu que j'en ai été complètement privée précédemment) ou si pas possible, une aide à domicile pour m'alléger du travail quotidien que je ne suis plus capable d'assumer seule actuellement. Une solution sociale à ma situation ultra précaire, en somme. L'interne me regarde avec un air désapprobateur, je le sens vraiment pas.
De retour dans la salle d'attente, je sens vraiment que ça sens pas bon pour moi du tout, je dis clairement à l'assistante sociale et l'infirmière scolaire que je sais qu'il vont décider de m'interner sous contrainte. elles essaient de me rassurer en me disant que non, mais moi, je sais déjà.

Retour de l'interne, dans le bureau devant l'infirmière et l'AS, il me dit qu'il vont me garder sous observation plusieurs jours et que j'ai le choix entre une hospitalisation "libre" et une hospitalisation sous contrainte (tu parles d'un choix). je me tourne vers l'infirmière et l'AS : "Vous voyez ? je vous l'avais dit !".

Je boue intérieurement, je suis en colère de m'être fait piégée. je ne veux pas de l'hospitalisation, ni libre, ni sous contrainte. je sais par ailleurs qu'une hospitalisation libre ne l'est jamais vraiment puisqu'il faut une autorisation de sortie et qu’elle peut devenir à tout moment une hospitalisation sous contrainte.

Je demande à l'infirmière et l'As de rester là, je pense que si elles s'interposent, j'ai une chance de pouvoir échapper à l'hospitalisation. c'est sans compter sur la lâcheté des intervenants qui commencent à s'éloigner vers la sortie en me disant qu'il faut que j'accepte de me faire aider. Je crie en colère "Quelle aide ?".

Je sens le piège se refermer sur moi. Je ne veux pas être internée. je ne veux pas. Dans un élan, je fonce vers la porte qui s'ouvre pour m'échapper. Top tard. Au moins 4 infirmiers m'attrapent  et me serrent. là,; j'ai compris, c'est fini. Ils m'ont eue. Je relâche mes muscles et leur dit qu'ils me font mal, ils ne relâchent pas leur étreinte.

je suis emmenée à une chambre d'isolement. Je commence à être sanglée à un lit me" disant que ce n('est pas possible que ça m'arrive, que je dois être en train de rêver, que je vais me réveiller. Je crois le regard d'un infirmier qui me sangle. Je vois toute la colère, le mépris et la froideur que le personnel hospitalier semble vouer à mes camarades malades mentaux. l'infirmier approche un gobelet de tercian pour me "calmer".
Je proteste un peu : "C'est bon, détachez moi au moins une main, que je puisse le prendre moi même.". Visiblement, même ça, c'est encore trop demander.

L'interne me dis que forcément si je venais aux urgences psy, je m'attendais à ça et que je l'ai voulu (aaah, les merveilles de l'inconscient, justifications pour tout acte pris sans consentement. Je dis que c'est la première fois que j'ai l'impression d'$être réellement traitée comme un chien, il me dit que c'est mon ressenti.

je reste seule dans la chambre d’isolement, incapable de bouger mes membres. une heure ? Deux heures ? Trois heures ? je ne sais absolument pas combien de temps je passe sanglée au lit. je perds complètement la notion du temps. mes lectures d'articles écrits par des gens ayant vécu l'hospit  me permettent de savoir déjà ce qu'il faut que je fasse. Toute résistance est inutile. Le but de me sangler à un lit ne peut clairement pas être thérapeutique, c'est un moyen de briser mes dernières velléités de résistance. Je sais très bien qe hurler ne sers à rien, je veux sortir, donc je me tais, me fais la plus discrète possible pour espérer sortir. je prie juste pour ne pas avoir envie de pisser quand j'y suis, parce que la situation imposerait que sois je crie (ce qui m'expose à des sanctions), soit que je me pisse dessus (ce qui m'y expose aussi).

On  viens me libérer, je décide de jouer le rôle de la patiente docile qui est attendue dans ce type d'établissement. Tout pour pouvoir sortir.
l'hopitâl est très mal entretenu. la baignoire accumule une couche de crasse et dans la salle commune, je peux voir une part de plâtre du plafond tomber d'une alvéole.

Mon rôle de patiente modèle me permet d'obtenir un changement de mon hospitalisation sous contrainte en hospitalisation "libre", j'arrive aussi à négocier plus facilement des sorties.

mes parents étant mon seul soutien potentiel à l'heure actuelle, je me réconcilie avec elleux, allant jusqu'à oublier pendant des mois leurs responsabilités dans ma situation (ça va revenir des mois plus tard comme des flash).

Je suis transférée dans l’hôpital de ma ville natale, plus proche de la où vivent mes parents. comme ils refusent toujours que je revienne vivre chez eux, même pendant un temps, ma seule option est les appartements collectifs de la ville Je veux réellement être admise là bas, ce qu fait que je sabote délibérément un entretien pour une autre structure, beaucoup moins autonomisante en donnant réellement mon avis sur la psychiatrie et mes abus précédents. je ne suis donc pas admise parce que pas manque de motivation.

A l'HP, mon psychiatre est un type condescendant et paternaliste. en me rencontrant la première fois, il dit ceci "Booooon, vous allez mieux. Plus envie de tuer des gens ?".
Je vais continuer à le voir même après ma sortie de l'HP jusqu'à ce que je quitte et les appartements et l’hôpital de jour.et je sens régulièrement que ce sale con me teste pour son petit plaisir (par exemple, il me demande en fin d'entretien, sorti de nulle part "et votre père, ça l'angoisse pas trop, la graisse , je suis pas sûre de dont il parle donc je demande si il parle bien du pays et il a l'air satisfait).

Comme les places en appartements collectifs sont longues à avoir, je passe 7 mois à l'HP validant la deuxième partie de mon bac professionnelle en étant là bas.

c'est uniquement quand j'ai été en appartement que j'ai commencé à plus croire la version comem quoi, c'st juste moi qui avait pété les plombs à bordeaux et qu'on m'avais aidée. mais c'était trop tard, parce que j'avais accepté la curatelle renforcée sous base de cette croyance.

Là, j'ai réussi à sortir des appartements collectifs, de l'HDJ, et ma mesure de curatelle prends bientôt fin mais ça pèse encore sur moi, j'en fais encore des cauchemars.

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